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POUR L'AFFICHE DE NORMANDIEA propos de l'exposition "nue"

 

Chapelle Saint JulienLa lumière pour destin

 

 

… Comptant parmi les plus précieux fleurons de l'architecture religieuse normande, la chapelle Saint Julien accueille, depuis quelques années, des interventions de plasticiens.Conviée à son tour à illuminer le lieu, la plasticienne Elizabeth Erkel Deleris, qui vit dans la région de Dieppe, s'est attachée à respecter sa destination primitive.Sa démarche créatrice est doublée d'une quête spirituelle qui, en la circontance, a pris corps à partir de sources littéraires empruntées à deux grandes traditions religieuses:d'une part un conte tiré du Mathnawi de Rumi, grand poète et maître soufi du XIIIème siécle, et d'autre part, l'histoire de Saint Julien l'hospitalier telle qu'elle nous est rapportée par Flaubert.Le propos inspiré de chacun de ces contes est de solliciter les yeux de l'âme en poussant le lecteur à dépasser les apparences……Un ensemble de 182 éléments reliés les uns aux autres en arc de cercle, dont la partie concave est tournée vers le chœur, conçue pour être regardée sur chacune de ses faces, cette œuvre monumentale est paradoxalement très légère. L'humilité de son support, des feuilles de papier superposées sur lesquelles l'artiste est intervenue de différentes manières, frappe le visiteur.L'esprit de ce travail fait penser à l'art du graveur……Le propos d'Elizabeth Erkel Deleris est d'inciter le visiteur à entrer dans le jeu de reflets, d'ombre et de lumière mouvantes qu'elle convie à travers son travail, dont le titre générique, "nue", est a prendre dans son double sens.Il fait à la fois référence à la nudité et au nuage, ou plutôt à la nuée, cet écran qui, tout à la fois, voile et révèle la présence du "divin" en nous et à laquelle l'écriture sainte fait souvent allusion.En détaillant cette installation qu'il ne faut pas se contenter d'embrasser d'un seul regard, on ne peut s'empêcher de penser au théatre d'ombres.On sait aussi que l'ombre est liée à l'âme, comme en attestent certaines légendes.Que voyons-nous en fait de la réalité?Que percevons-nous de nous même dans la confuse agitation qui nous sollicite chaque jour?Par son approche méditative, E.Erkel Deleris nous ouvre à la lumière céleste qui réside en chacun de nous mais se trouve, le plus souvent,condamnée au silence, au repli le plus misérable."Les hommes vont en aveugle dans leur vie, écrit Christian Bobin.Les mots sont leurs cannes blanches".Il leur suffirait de lacher prise,d'entrer dans l'instant éphémère pour que la vue leur soit rendue.C'est un peu à cet exercice que nous invite, sans protocole abscon, cette étonnante artiste d'aujourd'hui.Nous saluons l'authenticité de sa démarche.

         

 

LUIS PORQUET

 

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